Rencontre avec Rémy Crégut, franco-suisse, Directeur général du 2m2c Montreux Music & Convention Centre à Montreux. Un parcours hors du commun et à rebondissements, une personnalité atypique qui fait du bien !
Fanny Destenay : Comment pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Rémy Crégut : Mon projet initial était de rejoindre l’entreprise familiale de travaux publics dans le Sud de la France. Malheureusement l’entreprise familiale a dû être vendue et j’ai donc arrêté mes études à Paris afin de participer à l’ouverture d’un nouvel hôtel à St Rémy de Provence. A cette période, j’ai aussi eu la chance de participer au rallye Paris Dakar en moto en 1982. C’est un an après que j’ai découvert la politique lors de la campagne de Jean Bousquet aux élections municipales de Nîmes, et que j’ai eu plaisir à accompagner quotidiennement.
Participer au Paris Dakar n’était pas mon unique rêve d’adolescent, le deuxième, je l’ai réalisé en 1984 en partant en Californie vivre à l’Américaine. J’ai travaillé dans des emplois qui n’étaient pas dans mon domaine de compétence : jardinier, peintre, déménageur, serveur et même employé dans une entreprise spécialisée dans le nettoyage des navires de guerre. Ce fut sans nul doute ma deuxième grande expérience post adolescence, une de celles qui vous font grandir et vous ouvrent sur le monde. Après une enfance confortable, je me retrouvais livré à moi-même, à 12’000 kilomètres de mes habitudes ; je découvrais un pays, de nouveaux emplois et j’apprenais une langue, et tout ça sous le soleil Californien au bord du Pacifique.
Fin 1984, de retour en France, je commence par travailler à l’hôtel Sofitel Paris Porte de Sêvres en tant que Technico-Commercial Congrès-Réceptions sans savoir vraiment en quoi cela consistait. Très rapidement, je me suis retrouvé à la tête de cette équipe, en charge de la commercialisation et l’organisation des événements dans cet hôtel de 650 chambres et 42 salles de réunion. Chaque jour était une découverte, tant sur le plan humain que commercial, que sur la gestion d’un hôtel ou l’organisation d’un événement. J’ingurgitais quotidiennement des tonnes d’informations, j’apprenais sur le terrain, alternant moments d’excitation, de doute et de satisfaction, mais toujours avec plaisir et passion. La création de la toute nouvelle Académie Accor y contribua grandement en me permettant de participer à de nombreuses formations que je mettais en application la semaine suivante. La confiance gagnée auprès de mes directeurs successifs me permit de gravir rapidement différents échelons pour devenir finalement Directeur Commercial.
J’avais découvert l’univers qui me passionnait : l’hospitalité et l’événementiel ; un univers que je n’ai jamais quitté. En 1989, j’ai rejoint le Hyatt Regency Casablanca et deux ans après je suis parti faire l’ouverture du Hyatt Regency Paris Roissy. Chassé pour rejoindre le Grand Hôtel Intercontinental Paris, j’y suis resté 4 ans et j’ai pu y acquérir une dimension internationale avec des déplacements tous les mois au Japon ou aux USA. Ce séjour parisien, c’est aussi un coup de foudre pour une journaliste bordelaise que j’ai épousé six mois après.
En 1996, juste avant la naissance de Martin, mon premier fils, c’est Eurodisney qui m’a accueilli pour y ouvrir un deuxième centre de congrès et créer l’entité Disneyland Paris Business Solutions. Une équipe de 100 personnes qui traitait 3600 demandes annuelles et organisait 1200 événements chaque année, de 10 à 10’000 personnes, dans nos hôtels, nos deux centres de congrès ou sur le Parc. On peut dire que pendant 4 ans, j’ai touché à tous les types d’événements possibles, en provenance de tous les principaux marchés européens.
Avec l’arrivée de mon deuxième fils, Jean, nous avons décidé avec mon épouse de migrer vers le Sud en acceptant de rejoindre l’équipe d’ouverture du Grimaldi Forum Monaco. Deux années après, nous avons déménagé à Cannes où j’intégrais l’agence événementielle LSO International en tant que Vice-Président en charge de nos bureaux de Biarritz, Lyon et Paris. Puis vient la période noire avec le 11 septembre 2001 qui nous fait perdre 90% de nos clients, un licenciement économique en 2002 et dans la foulée un divorce avec mes enfants qui partent vivre à Paris. Nouveau départ, nouvelle expatriation aux Pays-Bas pour y rejoindre le groupe Pierre & Vacances qui venait de racheter Center Parcs.
En 2005, lors d’un salon professionnel, j’ai croisé une de mes anciennes collaboratrices de chez Disney qui venait de rentrer dans son pays, la Suisse, où elle travaillait en tant que responsable au Centre de Congrès et d’Expositions de Montreux, et qui m’a informé du départ du directeur et d’un recrutement en cours. C’est ainsi que je suis devenu le directeur du Montreux Music et Convention Center. L’espace accueille 80 événements par an, tous leader dans leurs domaines en Suisse ou à l’International, avec notamment des événements culturels bénéficiant d’une notoriété inégalée.
Et voilà comment le 1er novembre de la même année, je m’installais à Montreux et y suis resté jusqu’à aujourd’hui, captivé par la diversité événementielle qui y est produite. Je me retrouvais dans un des plus endroits du monde, au bord du Lac Léman face aux montagnes, avec un outil performant et une équipe représentative de la Suisse en termes d’efficacité, de qualité de travail et des festivals enviés par le monde entier.
F.D. : Qu’est-ce qui vous a donné envie de rentrer dans l’industrie du tourisme ?
R. C. : Disons que cet univers répond parfaitement à envies, mes goûts et mes attentes. Je suis passionné par la rencontre, l’accueil et les conditions que l’on crée pour qu’elle soit de qualité et fructueuse. La commercialisation des hôtels m’a amené vers le marketing territorial et la promotion internationale d’une destination et ce fut une belle découverte qui m’occupe toujours. Enfin je suis très curieux, curieux de l’autre, curieux de l’univers dans lequel il évolue et donc à chaque événement, je découvre de nouvelles personnes et de nouveaux univers.
F.D. : Quelles sont les spécificités du marché suisse ?
R. C. : Avant tout, je dirais le sens de la qualité du travail bien fait et, de l’engagement et la fierté pour ce que l’on réalise.
Ensuite je dirais que la qualité a un prix et la négociation n’y a pas place … ou alors on achète quelque chose de différent.
La notion de confiance y est très importante, elle crée des droits et des devoirs qui sont respectés.
Enfin la notion de consensus, il permet d’éviter les conflits et les dissensions et pousse au respect de l’autre. Ce que je trouve plutôt agréable tant la vie quotidienne que dans la vie professionnelles, même si cela peut parfois manquer de piment.
F.D. : Quels conseils donneriez-vous à un Français qui souhaiterait créer sa société en Suisse ?
R. C. : Humilité, consensus, respect de la parole donnée, création de valeur ajoutée en produisant de la qualité.
Ne pas hésiter à faire appel aux équipes de la Chambre de Commerce Franco-Suisse qui sont toujours de bon conseil.
F.D. : Qu’est-ce qui vous a donner l’envie d’entrer en politique ?
R. C. : Comme je l’ai dit précédemment, mon premier engagement en politique remonte à 1983 aux côtés de Jean Bousquet, un Nîmois qui avait réussi dans les affaires à Paris en créant la marque Cacharel et qui souhaitait mettre ses compétences au service de sa ville pour lui apporter dynamisme et prospérité.
Une expérience passionnante de 6 mois qui m’a permis d’approcher les différents ténors de la droite venus lui apporter son soutien et qui s’est conclu par un succès.
Ensuite mes engagements professionnels et mes différents séjours à l’étranger ne m’ont pas permis de m’impliquer plus, jusqu’à ce que je rejoigne le mouvement En Marche en février 2017. Je pensais nécessaire de soutenir la candidature d’Emmanuel Macron, la seule personne, à mes yeux, capable d’apporter un vrai changement pour transformer la France.
F.D. : Qu’est-ce qui vous plait dans le mouvement « En Marche ! » ?
R. C. : Je soutiens l’idée de sortir du clivage gauche-droite en place depuis trop longtemps et qui ne peut que mener à la politique politicienne.
Il était temps de faire de la politique sans partisanisme, avec un parler vrai, en toute transparence et pour le bien commun.
Je crois au progressisme, à la réorganisation d’un Etat qui était devenu trop distant de ceux qu’il était censé servir et à la nécessité de donner à chacun sa chance. Ce Mouvement a permis d’apporter une certaine fraicheur dans la vie politique avec de nouveaux acteurs qui jusque-là ne s’étaient jamais investis dans la politique, non pas par manque d’envie mais tout simplement parce que cela ne leur avait jamais été proposé.
F.D. : Pourquoi vous présenter aux élections consulaires ?
R. C. : Après plusieurs années de ma vie passées à l’étranger, dont 15 en Suisse, j’ai découvert qu’il existait des conseilleurs consulaires dont j’ignorais l’existence alors même qu’ils étaient censés me représenter et défendre mes intérêts de Français de l’étranger.
Je me suis donc intéressé au sujet et j’ai trouvé au sein de la liste « En Marche pour la Suisse ! » de belles personnalités mues par le même objectif de servir leurs compatriotes, en étant connues de ces derniers et disponibles pour des échanges réguliers sur les sujets qui les préoccupent.
Les 9 conseillers des Français de l’Etranger et les 13 délégués consulaires qui seront élus pour 6 ans représenteront leurs compatriotes auprès de l’Ambassade et du Consulat. Ils siègeront plusieurs fois par an en Conseil Consulaire auprès du Consulat de Genève, ils participeront également à l’élection des membres de l’Assemblée des Français de l’Étranger et des sénateurs des Français établis hors de France.
Nous souhaitons redonner du sens au travail du Conseil Consulaire en rapprochant les élus des Français qu’ils représentent, et bien sûr soutenir l’action d’Emmanuel Macron dans son projet de transformation de la France.
Rémy Crégut, Directeur général du 2m2c Montreux Music & Convention Centre, Montreux, Vaud.